Petit bolide
La voiture et moi c'est une longue histoire d'amour et de haine...
Au lycée, quand mes copines commençaient à s'inscrire pour le permis accompagné, j'ai trouvé toutes les raisons du monde de ne pas avoir besoin de conduire. J'avais un vélo, il y avait plein de bus, et puis de toute façon la voiture c'est pas glop : ça pollue et c'est dangereux. En fait la seule et vraie raison, c'était que j'avais une trouille bleue de me retrouver au volant, au milieu de tous ces dingues autocentrés que je croisais sur mon vélo. Je crois qu'en fait j'ai toujours eu peur sur la route. Rarement à cause de celui ou celle qui conduisait, toujours en pensant aux autres conducteurs et surtout à tous ces aléas contre lesquels même le meilleur pilote ne pourrait rien.
Vers 21 ans, ça commençait à devenir la loose totale de ne pas avoir le permis. Et puis je me rendais bien compte que si je ne m'attelais pas à la tâche tout de suite, je ne le passerai jamais, ce permis. Après une bonne année de préparation au code, plus presque autant de leçons de conduite, j'ai fini par obtenir le précieux papier rose, symbole de mon indépendance et de mon entrée dans l'âge adulte (enfin bon, c'est comme ça que je le voyais, même si je n'avais pas de voiture et que techniquement ça ne changerait rien).
Avec le permis, j'ai conduit très peu. Le fait de devoir emprunter la voiture de Môman me donnait une très bonne excuse pour me faire raccompagner par les copines, et ça me convenait très bien comme ça.
Quelques années plus tard, j'ai eu ma première voiture à moi. Je la patageais avec Soeurette, qui s'en servait bien plus que moi. Ma première voiture, c'était une Régata. Une vieille fiat de 1983, presque 20 ans d'âge et pas mal de petites déficiences au compteur. J'en garde de très bon souvenirs de rigolade entre amis à son sujet, et de plutôt mauvais comme le jour où on a perdu un essui-glace sur l'autoroute. Evidemment en pleine action, évidemment sous une pluie battante, évidemment l'essuie-glace côté conducteur... Mais finalement je l'aimais bien ma p'tite Régata. Et puis j'ai dragué Doudou avec elle. Faut dire que pour engager la conversation c'était top !
Depuis qu'elle nous a quitté, je ne lui ai pas cherché de remplaçante. J'avais trouvé un travail accessible en train. J'habite en plein centre ville, lequel est étudié pour en bannir les voitures, et je peux toujours emprunter celle de Môman pour aller vider mon compte en banque chez Ik-et-A.
Alors autant vous dire que le terme de "conductrice du dimanche" est totalement inapproprié à mon cas. Je touche un volant à peu près tous les 3 mois, pour faire environ 10km... Et cette espèce de boule au ventre à l'idée de conduire dans un endroit inconnu ne m'a jamais quittée.
Vous imaginez donc mon désaroi quand Doudou a déménagé à 500 bornes et que je me suis rendue compte que le moyen de transport le plus rapide et le plus économique, c'était la voiture (un comble, merci la SNCF !)... Alors bien sûr, je continue à me trouver tout un tas de bonnes excuses pour prendre le train quand même : je ne conduis pas la nuit, donc en hiver c'est mort ; Môman en a besoin pour aller travailler ; le pollen n'est pas mon ami et je ne voudrais pas conduire avec les yeux explosés et inopérants,...
Je suis toutefois de temps en temps plus ou moins obligée de faire le voyage toute seule, en voiture. La première fois c'était pour transporter le Chat de Doudou (parce que bon, 7h de train avec un chat dans sa cage, c'est inenvisageable, je vous assure !). J'ai flippé une semaine à l'avance. J'ai imprimé l'itinéraire de Ma-Pie et je l'ai appris par coeur. J'en avais une copie dans le sac, une copie dans le sac à main (on sait jamais) et une copie comme "livre" de chevet. Je suis bien consciente qu'à ce stade là, ça frise le pathologique, mais ma non-aisance au volant couplée avec mon non-sens de l'orientation, plus une légère dose de poisse légendaire, j'estime que j'étais en droit de m'attendre au pire, non ?
Et finalement tout s'est très bien passé. J'ai maîtrisé à donf pendant les 5h de route, je ne me suis pas perdue, et j'ai même réussi à gérer un orage de la mort avec visibilité zéro, et des travaux inattendus...
Dire que j'étais fière de moi en arrivant est bien-bien en deçà de la réalité. Si un jour je dois attraper la grosse tête pour quelque raison que ce soit, ce ne sera rien en comparaison de ce que j'ai ressenti en me garant à bon port et dans les temps !
Aujourd'hui, je suis même capable de faire le trajet sans regarder l'itinéraire (et sans le potasser à l'avance !). J'arrive aussi à tenir une conversation pendant que je conduis et si j'ai toujours une appréhension à doubler un camion, je trouve presque plaisant l'idée de conduire.
Malgré tout, je ne serai jamais une adepte du tout motorisé, et je crois que tant que ce sera possible, le vélo et les transports en communs resteront mes meilleurs amis...
NB : pour les curieux, oui, la voiture en illustration est bien une Régata. Sauf que la couleur de la mienne était plutôt gris-maronasse tirant vers le vert...