Mémère et Dépendance
Les enfants, rien ne va plus !
Il fut un temps, pas si
lointain, où je passais quasiment ma vie au cinéma. Dès que j’avais un moment,
je filais dans ma salle préférée. J’allais voir à peu près tout ce qu’il y
avait à l’affiche, je connaissais sur le bout de doigts aussi bien les gros
blockbusters que les petits films indépendants. Je ne ratais pas une
rétrospective au ciné culturel de la ville et je rédigeais des fiches pour
chaque film que je voyais. Une vraie cinéphile, quoi ! Or depuis un moment,
je me mémérise. Je me mémérise tellement que sortir pour aller au ciné me
paraît un effort insurmontable. Sachant que je vis à environ 5mn à pieds dudit
ciné, vous imaginez l’ampleur des dégâts.
Ça a commencé doucement quand j’ai
commencé à travailler. Forcément, je ne pouvais plus me régaler de séances
seule dans une salle à 14h et je devais me contenter des salles bondées du
soir. Mais j’ai tenu bon.
Et puis j’ai dépassé le seuil critique des 25 ans, et
j’ai dû dire adieu à ma carte de réduction chérie, grâce à laquelle j’ai pu
aller voir jusqu’à 100 films dans l’année sans trop saccager mon compte en
banque. Là, j’ai découvert le vrai prix des choses, qui soit dit en passant,
avait sacrément augmenté pendant que je batifolais avec ma carte « jeune
pauvre »… 9,80€ pour un film… 8,50€ dans le petit ciné indépendant… Tout
de suite ça ampute sérieusement le budget. Mais j’ai tenu bon.
Et puis j’ai dû
divorcer de mon magazine de ciné qui partait franchement à vau l’eau (à veau
l’eau ??). Je comptais renouer une relation durable avec un de ses
cousins, mais je n’en ai pas trouvé un seul qui soit à la hauteur… C’est là, je
crois, que l’engrenage a commencé. Je n’étais plus tellement au courant des
sorties, et ce n’étaient pas les films présentés à la télé qui allaient me
donner envie…
Et là, j’ai découvert… les séries télé. Moui, je sais, les séries ça fait un bail que ça existe, et ça n’empêche personne d’aller au ciné.
Sauf
que moi, je suis une accro pathologique potentielle à à peu près tout. Quand je
découvre un truc qui me plaît, il faut que je lise, voie, teste, toute la
série. J’ai vu quasiment tous les films des acteurs et réalisateurs que j’aime.
J’étais prête à me relever au milieu de la nuit pour ne pas rater un Kubrick,
je me suis farcie Guerre et Passion, un navet monumental, pour Harrison Ford
(dont la carrière s’arrête, en ce qui me concerne, au moment où il a commencé à
porter sa boucle d’oreille…). J’ai lu la plupart des Agatha Christie quand
j’étais au collège, presque tous les Stephen King, et j’ai bien l’intention
d’en faire de même avec Fred Vargas et Benaquista, entre autres. Dans un autre
registre, mon sevrage tabagique aura duré… 1 mois… et je fume de nouveau comme
un pompier.
Bref, quand j’ai découvert Smallville, mes samedis étaient bloqués.
Desperates Houswives me prend mes mardi soirs. Lost prend le relais en été et
Les Experts un paquet d’autres soirées. Récemment, je me suis plongée dans
Supernatural et Nip/Tuck, et je suis sur le point de m’accroifier à Greys Anatomy.
Depuis que Buffy est fini, je suis quasiment en deuil, et je me régale avec les
redifs de Friends (que je connais par cœur puisque je les ai en DVD) sur M6…
Avec tout ça, mes soirées sont déjà bien prises. Mais c’est sans compter toutes
les niaiseries que je ne peux pas m’empêcher de suivre. Bonjour Super Nanny,
Nouvelle Star, Pékin Express et autres Confessions Intimes, adieu mes soirées
de boulimies cinématographiques… si ça c’est pas de la mémérisation chronique,
ça…
Alors vous vous imaginez l’impact sur mon quotidien de l’arrivée de mon ami Tinternet chez moi… Va vraiment falloir que je remette en place une bonne vieille cure de DVD pour réactiver cette vieille dépendance filmique, sinon de quoi je vais vous parler, moi ?!!