La Traversée de tous les dangers
Depuis que j'ai changé de boulot, j'ai troqué mon heure quotidienne de train contre 25mn de vélo. Outre le fait que je gagne du temps et que je fais marcher (ou pédaler) mes muscles atrophiés, c'est aussi très divertissant. Pas toujours dans le bon sens ceci dit.
Pour commencer, je n'ai pas investi dans un vélo tout neuf, vu le nombre de petits bolides tout confort qu'on m'a volé, j'ai décidé de faire retaper celui de ma Grand'Mère, qui ne paie pas de mine, mais qui roule bien. Alors évidemment il couine, il grince et les ressorts de la selle sont juste ce qu'il faut d'usés pour que j'aie légèrement mal au c-ul en arrivant chez moi le soir...
La première semaine, naïve que j'étais, j'avais décidé d'emprunter le chemin le plus court. Soit quelques mètres dans de petites rues de quartier, une portion de piste cyclable (hors chaussée) et entre les deux une grosse portion de boulevard à 3 voies, avec feux, bus et tout le tralala... Sans compter les travaux qui pullulent en ville l'été... Au bout d'une semaine j'ai commencé à sérieusement douter de mes chances de finir l'année en vie si je continuais sur ce chemin. D'autant plus qu'entre temps la pluie s'était mise de la partie et qui dit pluie en vélo dit capacité de freinage quasi-nulle (ce dont aucun automobiliste ne semble être conscient, d'ailleurs !).
J'ai donc décidé d'explorer de nouveaux horizons, et j'ai notamment découvert qu'en faisant un léger détour, je pouvais profiter d'une piste cyclable quasiment du début à la fin de mon parcours, et surtout éviter le boulevard de la mort. Et j'ai surtout découvert que ce chemin est plus vivant. J'y croise d'autres cyclistes, des piétons, des gens qui vont travailler, des gens qui se promènent, et personne ne donne l'impression qu'il ne rêve que d'une chose : dégommer violemment son prochain, là maintenant tout de suite. Pas de klaxon mais des sourires, parfois même quelques bonjours. On se croirait dans un village, c'est fou ce que l'ambiance peut changer en quelques centaines de mètres !
Depuis, ravie de ma découverte, je prends évidemment ce chemin matin et soir, mais ce n'est pas pour autant que le trajet est de tout repos... Pour commencer, il faut savoir repérer et anticiper les trous (aïe !!), ensuite, en cas de pluie, il faut connaître les renfoncements dans la chaussée, qui favorisent la stagnation d'eau et le fameux éclaboussage géant quand une voiture roule dedans (à mon avis ce sport est d'ailleurs en passe de devenir discipline olympique !). Il faut aussi repérer les regroupements de pigeons dans les arbres sous lesquels on passe (malheureusement, je suis encore débutante dans tous ces domaines et je me suis fait avoir dans chacun au moins une fois ce mois-ci !!).
Et pour finir, le danger le plus impitoyable : les piétons ! Le piéton est une espèce imprévisible et bornée, qui a tendance à ne faire aucune différence entre le trottoir et la piste cyclable, même lorsque celle-ci est bien délimitée avec une jolie couleur verte, un revêtement différent et un marquage au sol blanc. Pire, il a tendance à s'estimer prioritaire sur les deux terrains. C'est à dire que même lorsqu'un vélo arrive en face de lui, il va continuer à se déplacer en bande de 5, de front, et ne s'écartera que lorsqu'il aura réussi à contraindre le cycliste à mettre pied à terre. Ne parlons pas des piétons de dos, qui s'écartent TOUJOURS du mauvais côté, ou des enfants qui lâchent la main des parents pour s'amuser à tester vos réflexes et la fiabilité de vos freins (et dont les parents vous jettent ensuite un regard réprobateur devant le crissement de vos freins, qui rappelons-le, fonctionnent mais ne sont pas de prime jeunesse...).
Non vraiment je vous assure, le vélo c'est pas de tout repos, et ya pas que les muscles qui pédalent !!